Le panier en osier avec son côté traditionnel et naturel est très apprécié en décoration mais au départ le panier avait une fonction nettement utilitaire.
Dans notre région c’était le récipient par excellence des habitants : pour la cueillette des cerises, des prunes, pour les vendanges et les légumes du jardin, le ramassage des œufs, la cueillette des champignons. C’est aussi l’emballage pour le transport au marché d’Annecy, pour la présentation de ces produits aux clientes.
Le mardi matin quand le car "Exertier" en direction d’Annecy s’arrêtait à Cessenaz ou au Brouillet, le chauffeur grommelait en patois "sacrées fennes d’Sevri avoué lo panis" ; le pauvre il devait se débrouiller pour tout charger, soit dans le car, soit hisser sur la galerie une montagne de paniers, lesquels paniers contenaient les légumes qui allaient être vendus au marché.
Dans les années cinquante il n’est pas question de passer au magasin pour acheter un article, on le fait soi-même pendant les longues soirées d’hiver. Les travaux des champs sont pratiquement terminés, il n’y a pas de télé, la vie sociale est plus intense ; pendant les veillées les unes tricotent, certains jouent aux cartes et d’autres font des paniers.
Les différents matériaux utilisés traditionnellement sont les jeunes pousses de châtaigniers pour les anses, les petites branches de sapins pour les côtes, les tiges d’osier "les bious" à tresser entre les côtes pour former le panier.
Ces essences sont choisies parce qu’elles sont disponibles à profusion dans la nature environnante et puis parce qu’elles correspondent bien au savoir faire traditionnel régional :
Le Châtaignier : il fait partie de la foret du Semnoz ; ce n'est pas loin, les pousses épousent bien les arrondis qu’on leurs demande pour former les anses.
Le Sapin : il y en a plein le Semnoz. Les côtes sont épluchées puis séchées puis trempées deux à trois jours ; on peut alors leur faire prendre forme.
L’Osier : il pousse dans les endroits humides. Cela tombe bien il y a des marais, c’est un bois très léger c’est donc intéressant, ce sera moins lourd à porter ; il peut se cuire et s’éplucher en dégageant une odeur particulière. On aura alors des paniers tout blancs.
Le bois de châtaignier doit être coupé en lune dure, fin octobre ou en novembre quand les feuilles sont tombées pour éviter qu’il soit attaqué par les insectes. Il faut choisir un bois femelle il est plus malléable car le bois mâle casse lorsqu’on le courbe.
Le problème c’est que l’identification du genre est difficile voire impossible pour un profane, ce n’est qu’au moment du forçage qu’on voit si c’est bon.
Les tiges d’osier sont coupées à la même époque. On élimine celles qui sont trop grosses.
Il ne faut pas prendre de l’osier jaune car dans le temps il fuse, il faut choisir de l’osier bien rouge
Les principales étapes de la fabrication du panier sont toujours à peu près les mêmes :
- Il y a d’abord le choix de la forme et de la grandeur de l’anse et du cercle qui sont maintenus par la rosace, c’est ce qui détermine le volume du panier. (Gilbert propose quatre modèles)
- Puis le trempage des côtes qui va durer 2 jours ; il en faut 12 par panier.
- Enfin le tressage, on commence par le petit bout et on termine par le gros. Mais pour réussir un panier il faut du temps et de la patience, ce qui est préférable c’est d’aller voir Gilbert travailler il vous expliquera lui-même et vous prodiguera ses conseils.
Auteur de ce récit : Gilbert Delétraz
Transciption : Monique LAMY
Illustration : André PERROT |