Historique de la croix du Crêt et du sentier de crête.
Depuis pas mal de siècles, et jusqu'au milieu du 19ième, les secteurs situés à environ 100 m à l'Ouest et à 200 m au Nord-ouest de cette croix ont été cultivés. On peut très bien reconnaître les lieux actuellement boisés par l'absence de pierres : les pierres gênantes pour la culture du sol étaient portées soit à l'amont soit à l'aval dans les pierriers. Au Nord et à l'Ouest de ces champs cultivés, se trouvaient les pâturages et les prés de fauche . Les prés fauchés étaient entretenus par les habitants du Crêt et le foin descendu au village à dos d'homme.
Les pâturages étaient exploités par la famille DOMENJOUD ( dit "Chachet" ) du Crêt, sans doute une des plus anciennes familles de Sevrier, et qui possédait un chalet d'alpage, dont on peut encore aujourd'hui, très bien reconnaître les ruines des murs. Trois ou quatre vaches, quelques chèvres venaient y paître pendant la bonne saison.
Le gros problème était le manque d'eau en période sèche. En ce cas, le paysan n'avait d'autre ressource que de puiser l'eau au lac et de la monter à dos d'homme jusqu'au chalet, deux fois par jour, par le sentier du Crêt. Pour le portage de cette eau, on utilisait un tonneau en bois, d'une capacité de 50 à 60 litres, de forme spéciale, assez long et de faible diamètre, très peu renflé et compartimenté à l'intérieur pour éviter les mouvements de l'eau. Le porteur se couvrait les épaules et la nuque d'un sac de toile adapté, rempli de balles d'avoine, faisant office de coussin sur lequel reposait le tonneau.
Pour permettre au porteur de se reposer un peu sans avoir à poser le tonneau plein à terre ( et donc à le recharger sur les épaules ), tout au long du parcours étaient édifiés des petits murets et des blocs de pierre d'environ 1,60 m de haut, contre lesquels le porteur se plaquait le dos debout sur ces appuis, qui servaient également lors de la descente de fagots de bois ou de foin transportés aussi à dos d'homme.
Sans doute est-ce l'activité de l'homme en ces lieux ( alpage, fenaison l'été, exploitation de la forêt l'hiver...) qui a incité, avec la grande importance de la foi chrétienne, les habitants du village du Crêt à édifier, sur cette partie dominante une croix, un signe de croyance et de protection. Il est certain qu'une croix existait déjà à cet endroit bien avant l'annexion de la Savoie à la France, tous les témoignages de l'époque le confirment.
Cette première croix consistait en un fût de bois de châtaignier, équarri, qui supportait la croix proprement dite en fonte ajourée. Les débris de fonte de cette croix, tombée parce que la partie de bois était en très mauvais état gisaient en ces lieux cachés par les herbes et les ronces.
Malgré l'entretien et les soins apportés par les habitants du village du Crêt, cette croix donnait des signes de fatigue, vers 1990, la décision fut prise de faire une nouvelle croix plutôt que de réparer. C'est en juin 1994 que fut édifiée cette nouvelle croix en ciment armé.
Le coffrage a été fabriqué par Marius MAGNIN, menuisier du village de La Planche. Le coulage sur place a été réalisé par Antoine DAL-MORO, maçon au Crêt, et le transport du matériel ( outillage, eau, sable, ciment, ferraille...) par les habitants du Crêt à dos d'homme: Fernand PARIS, du chef-lieu, Auguste DOMENJOUD, Henri GURRET , Henri LAPERRIERE, tous du Crêt. La préparation de l'ancrage dans le rocher, la fixation du coffre, le coulage et le décoffrage ont duré une semaine.
Une nouvelle croix, entièrement en bois, fut assemblée au village, bénie officiellement sur la place de l'église lors de la mission de 1928 et ensuite transportée jusqu'aux Puisots sur un chariot tiré par un cheval. De là, les hommes du Crêt, aidés par ceux du village voisin Létraz-Chuguet, portèrent sur le dos cette croix et la dressèrent en ces lieux au cours d'une journée joyeuse et bien remplie. |